Plusieurs mois après l’enterrement de son amie, il arrive encore à Pierre de voir Marie dans ses rêves.
Les deux jeunes gens qui se connaissaient déjà depuis la Côte d’Ivoire ont vu leur amitié grandir en Tunisie, et plus précisément dans la ville de Sfax où ils s’étaient installés. Ils vivaient sous le même toit, se débrouillaient et s’entraidaient comme ils pouvaient jusqu’au jour ou Marie lui confie son intention de tenter la traversée de la méditerranée pour se rendre en Europe.
Quelques semaines plus tard, Pierre qui se trouvait à Tunis, reçoit un appel téléphonique lui annonçant que le bateau sur lequel Marie a embarqué avait chaviré et que plusieurs passagers s’étaient noyés.
Commence alors un long processus pour l’identification des dépouilles récupérées en mer et, pour Pierre, une longue attente et l’incertitude quant au sort de son amie. Ce n’est que lorsqu’on lui a présenté les photos des dépouilles qu’il s’est résigné à accepter le décès de Marie. Grâce à cette reconnaissance visuelle, Pierre va enfin pouvoir faire son deuil.
Décidé à accompagner son amie jusqu’au bout et avec l’aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des volontaires du Croissant-Rouge tunisien, Pierre se rend sur la tombe où le corps a été enterré pour se recueillir et dire quelques prières. Marie n’avait que 26 ans mais était déjà maman de trois enfants qu’elle laisse à la garde de leur grand-mère.
Seul contact en Tunisie pour la famille de Marie, Pierre a pris sur ses épaules la lourde responsabilité de les informer de ce qui s’était passé et de les tenir au courant des procédures et démarches jusqu’à l’enterrement de la dépouille de leur fille, un geste pour lequel la famille lui sera éternellement reconnaissante.