Le conflit en cours au Soudan a forcé plus de 4,2 millions de Soudanais à quitter leur foyer et fuir vers d’autres régions du pays, et 800 000 autres à se réfugier dans des pays voisins (au 25 septembre 2023). Depuis l’éclatement du conflit le 15 avril 2023 à Khartoum, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant-Rouge soudanais s’emploient à réunir les familles et à aider à apporter des réponses à ceux qui ont perdu le contact avec leurs proches. Ces services de rétablissement des liens familiaux (RLF) sont fournis par le Réseau des liens familiaux, qui regroupe le CICR et les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Les services de RLF sont fournis aux personnes ayant fui à l’intérieur du Soudan et vers des pays voisins, notamment dans divers centres où se rassemblent les Soudanais, ainsi que dans des camps de réfugiés accueillant également des Erythréens, des Éthiopiens et des Sud-Soudanais., Les centres frontaliers et de transit dans le nord du pays (à la frontière avec l’Égypte), qui hébergent des personnes de diverses nationalités, bénéficient également de ces services.

Entre mai et septembre 2023, nous avons organisé avec succès 14 000 appels téléphoniques. Les réfugiés soudanais ont à eux seuls réalisé plus de 1500 appels depuis juillet. Plus d’un tiers d’entre eux ont abouti, et 558 réfugiés ont pu être remis en contact avec leurs proches. Des patients blessés se trouvant dans des structures de santé à Adré, Abéché et N’Djamena ont passé 56 appels au total. De plus, les équipes de la Croix-Rouge ont enregistré plus de 20 enfants non accompagnés afin de faciliter le travail de recherche de leur famille. Les personnes ayant réussi à rétablir le contact avec leurs proches se voient libérées d’un immense fardeau.

Raouda Ahmat Katir, réfugiée du Darfour, a pu parler à son fils pour la première fois depuis leur fuite. Il se trouve actuellement en Égypte. « Je suis tellement heureuse. Je vais enfin pouvoir bien dormir », explique Raouda. « Avant, je n’arrivais pas à dormir. Je passais mon temps à pleurer. »

Khadidja* a elle aussi passé des appels téléphoniques grâce à la Croix-Rouge. Cette femme de 37 ans originaire du Soudan vit au Tchad depuis fin avril, dans le camp de réfugiés de Zabout. « La situation à Khartoum est tellement confuse que je n’arrivais plus à avoir de nouvelles de ma famille. Je ne dormais presque plus depuis quatre mois. J’ai enfin pu joindre mon petit frère, qui se trouve à Khartoum avec mes parents. Il m’a dit que mon autre frère avait fui vers l’Égypte. Son fils est ici avec moi, j’ai enfin pu lui dire que son père allait bien. »

Plus de 418 000 Soudanais comme Khadidja sont actuellement réfugiés au Tchad. La plupart sont des femmes et des enfants. Environ 37% des appels téléphoniques réalisés jusqu’à maintenant ont abouti, mais de nombreuses personnes sont encore sans nouvelles de leur mari, leur fils, leur père ou leur frère et ne savent pas s’ils se trouvent encore au Soudan, s’ils ont réussi à fuir ou même s’ils sont encore en vie. Alors que la violence se poursuit au Darfour, nous redoutons que le nombre de personnes portées disparues continue d’augmenter, en particulier en raison du grand nombre de personnes déplacées.

La communication reste un défi majeur dans la situation actuelle du Soudan, où les moyens de communication sont instables, ce qui complique les communications vers le Darfour. Les efforts de recherche sont également entravés par les inondations provoquées par la saison des pluies. En outre, bon nombre de familles déplacées ne disposent que de peu d’argent. Pour aider les familles, des équipes de la Croix-Rouge ont ouvert des antennes dans les camps de réfugiés de Djabal et Zabout, à Adré dans la région du Sila, ainsi qu’à Gaga et Farchana dans la région du Ouaddaï. Notre partenariat avec la Croix-Rouge du Tchad nous a permis de former plus de 30 volontaires afin de soutenir ces efforts de recherche.

Néanmoins, de plus en plus de familles au Soudan et dans l’est du Tchad sollicitent notre aide pour rechercher leurs proches. Étant donné les ressources limitées dont nous disposons, le CICR appelle à la générosité de ses donateurs. Il est impératif que le sort des personnes disparues soit clarifié pour mettre un terme à l’angoisse et l’incertitude dans lesquelles ces familles sont plongées.

Une action mondiale

L’impact du travail mené par le Réseau des liens familiaux s’étend bien au-delà des frontières du Soudan. Chaque jour, dans le cadre de notre engagement continu à réunir les familles, nous aidons en moyenne 13 personnes à rétablir le contact avec leurs proches. Les statistiques pour 2022 mettent en évidence les efforts que nous avons entrepris pour élucider le sort des personnes disparues. Ces succès sont récapitulés dans une série d’infographies illustrant en chiffres ce que le RLF a accompli à travers le monde.